Des mois de tournage, des centaines d’heures d’images et de sons, un véritable casse-tête au montage, un projet Goliath que j’ai porté sur les plans de la réalisation, de la direction de la photographie et du montage… Homogène c’est un projet immense sur lequel je me suis penchée pendant plus de deux ans, mais c’est aussi une aventure qui allait transformer mon regard naissant de documentariste et, sans même que j’en aie conscience, allait devenir le catalyseur d’un changement important dans ma vie.
Durant le tournage, plusieurs participants m’ont demandé pourquoi j’avais pris les rênes d’une série documentaire ayant pour but de contrer l’homophobie. On me questionnait souvent sur mon orientation sexuelle et mes motivations. Je répondais simplement que j’étais alors en couple avec un homme et que j’aimais l’idée qu’une série à thématique homosexuelle soit réalisée par une femme hétérosexuelle. J’avais l’ambition qu’Homogène soit un vent de fraîcheur plus nuancé et universel à travers une masse sempiternelle de projets pour les gais par les gais. Alors que j’ai porté ma caméra en gardant cet objectif bien vivant, à la toute fin du tournage, je suis tombée en amour avec ma meilleure amie et collègue cinéaste, Jessica. Ce bouleversement dans ma vie personnelle a profondément teinté et enrichi le regard que je posais maintenant sur Homogène. En salle de montage, mes images et les témoignages résonnaient en moi d’une toute nouvelle façon.
Je suis très reconnaissante que la post-production d’Homogène ait bénéficié de l’expérience précieuse de Jessica Desjardins en matière de prise de son, de montage son et de mixage. Le projet n’aurait pas été le même sans son apport technique et créatif exceptionnel. J’aimerais d’ailleurs en profiter pour remercier ma fidèle co-productrice Kim Alex Larochelle qui m’a choisie pour porter et livrer son beau message d’espoir, d’égalité et de justice. Mon équipe et moi souhaitons remercier tous ceux qui, de près ou de loin, nous ont aidés à réaliser ce grand projet, important pour le présent et l’avenir des jeunes homosexuels à la recherche de modèles auxquels s’identifier, pour leurs proches qui ont besoin de ressources pour leur venir en aide, pour guider les écoles et les institutions vers une société plus inclusive et nuancée et surtout pour éteindre à jamais [nous l’espérons si ardemment] les dernières braises de haine dans le cœur des homophobes.
Je suis fière de partager cette histoire, indirectement mon histoire, avec le public. J’espère que chaque image, chaque mot, parviendra à vous toucher et vous inspirer, comme cela a été le cas pour moi.
Isabelle Courville